On le peint ou le photographie, on l’exprime ou le chante, on le danse ou le joue, on le regarde ou le partage, mais sait-on réellement l’effet qu’a la pratique d’un loisir cultuel sur les personnes et les communautés? Les spécialistes s’intéressent de plus en plus à la pratique du loisir culturel. Il ne regroupe plus seulement de grands concepts rédigés par des érudits en loisir, mais bien des conférences par des médecins spécialistes en santé globale, des études sur la longévité menées par des chercheurs, des gens pratiquant diverses formes d’arts et même des recommandations émises par l’Organisation Mondiale de la Santé. Le loisir culturel actif fait de plus en plus parler de lui et rêve de prendre sa place parmi les saines habitudes de vie!
Les bienfaits du loisir culturel peuvent se regrouper sous cinq grandes catégories : psychologique, physique, social, développemental et comportemental.
Qui n’a pas entendu parler de la fameuse prescription du médecin de famille qui recommande une visite au musée à son patient? Les effets psychologiques de la pratique du loisir culturel ont particulièrement été mis de l’avant durant la pandémie : réduction du stress, diminution des symptômes de la dépression, régulation des émotions… Depuis quelques années, une science (la neuroesthétique) étudie même les effets de l’engagement dans un processus créatif et l’appréciation d’une œuvre d’art, soient la libération de sérotonine, de dopamine et d’ocytocine. Plein d’hormones du bonheur gratuites! À titre d’exemple, Valérie nous mentionne le calme que sa multipratique lui apporte. Dans ces moments, elle se libère de beaucoup d’émotions et son esprit se dégage de ses obligations. Durant la pandémie (eh oui, encore elle!), il n’était pas rare que les gens se mettent à la pratique d’un loisir culturel pour passer le temps, mais en plus, cette nouvelle pratique a eu un effet fort bénéfique sur leur santé mentale.
Du côté physique, la recherche va plus loin que le simple fait de comprendre que la danse permet au corps de s’activer, travaille l’équilibre et favorise le renforcement musculaire. Des recherches du CIUSSS de l’Estrie démontrent que le chant choral pourrait être utile dans la réadaptation de patients atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Une pratique étalée sur 12 semaines, à raison de deux séances hebdomadaires, viendrait augmenter la capacité pulmonaire des participants, en plus d’améliorer leur qualité de vie sur bien d’autres aspects. Comme la majorité des disciplines sont adaptables, selon la condition des participants ou des pathologies, le loisir culturel peut être intégré aux traitements ou utilisé en prévention.
Selon la discipline, le loisir culturel peut se pratiquer seul ou en groupe. Dans ce deuxième cas, il peut aider à briser l’isolement et renforcer les liens sociaux. L’aspect social est primordial dans la transmission des connaissances et des savoir-faire liés à la culture traditionnelle et au patrimoine vivant. Prenons pour exemples La Pantoufle du quartier, projet de l’organisme Native Immigrant qui initie des rencontres de transformations de pantoufles en Phentex par le biais de l’artisanat interculturel, tout comme les Cercles de Fermières, bien présentes dans l’univers québécois, qui partagent encore leur savoir-faire du tissage.
Il n’est pas rare de s’initier à un loisir culturel pour une raison précise et de se retrouver à acquérir de nouvelles compétences. On parle ici d’aspect développemental. Une pratique récurrente permettrait l’amélioration d’aptitudes sociales et/ou techniques. Plus on pratique, meilleur on devient, mais pas besoin d’être expert au début! Pour exemple, Sophie s’est jointe à une troupe de théâtre musical après avoir assisté au spectacle d’une amie. Rapidement, elle a exploité son talent en jeu et a développé ses techniques en chant. On peut aussi prendre l’exemple du Rendez-vous panquébécois de Secondaire en spectacle. Des centaines de jeunes se rassemblent pour participer, entre autres, à des ateliers en arts de la scène, en écriture, en journalisme, mais surtout pour vivre une expérience de groupe. Il n’est pas rare de voir certains de ces jeunes participants poursuivre un cheminement vers une carrière artistique. L’effet de groupe peut avoir des impacts positifs sur le développement des individus car il favorise leur prise en charge et leur engagement.
Il a été observé que la résilience d’un groupe et la cohésion sociale seraient renforcées par l’art et la culture. Cela est d’autant plus vrai lors des grandes tragédies. La communauté de Lac-Mégantic en est un exemple puissant et inspirant. La Dre Mélissa Généreux a travaillé avec ces gens à la suite de la catastrophe ferroviaire de 2013. Grâce à leur volonté, ils ont engagé des échanges et des actions qui ont permis la revitalisation de la ville, ont favorisé une plus grande participation citoyenne, incluant les jeunes, et ainsi contribué à développer un sentiment de fierté. La vitalité de cette région résonne à la grandeur de la province et du pays. Le loisir culturel, quand il mobilise une collectivité, peut avoir d’importantes répercussions sur les politiques en vigueur.
Bref, le loisir culturel est rarement pratiqué pour un seul des aspects énumérés ci-haut. Il doit être considéré dans sa globalité comme contribuant au bien-être des individus qui le pratiquent. A-t-on vraiment besoin d’un spécialiste pour nous dire que notre cours d’aquarelle nous aide à contrer l’isolement, fait travailler notre cerveau pour agencer couleurs et techniques, et génère un sentiment d’accomplissement quand l’œuvre est terminée? Le simple fait de le vivre, de s’exprimer et de se sentir bien d’avoir créé quelque chose peut suffire à convaincre n’importe quel sceptique de l’importance de valoriser cette pratique au sein de la société. Le loisir culturel est accessible à tous et mérite d’avoir une place officiellement reconnue dans la grande famille des saines habitudes de vie!
Cet article a été réalisé en collaboration avec le Réseau des unités régionales de loisir et de sport
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